lundi 22 septembre 2008

Ventes de billets : l’exemple Madonna

Dans un précédent post, je faisais état des difficultés à remplir les concerts de Madonna.
Je ne m’appesantirai pas sur la déception d’un certain nombre de spectateurs quant au spectacle en lui-même, je ne l’ai pas vu.
Depuis deux jours, les médias insistent la faible affluence au Stade de France et la photo ci-dessous, tirée d’une vidéo amateur postée sur Youtube, atteste du côté clairsemé du public dans les gradins.

Mon point concerne le prix des billets, et la façon de les mettre en vente.
On prend les fans pour des pigeons, et on pense qu’ils sont plus nombreux qu’ils ne le sont en réalité.

La stratégie déployée par les promoteurs pour les 2 prestations de Madonna illustre de façon plus flagrante encore un phénomène qui ne date pas d’hier.
Comment cela se passe-t-il ?

1. Je fais massivement de la pub pour un concert, avant la date de mise en vente des billets.
2. Je ne mets pas tous les billets en vente, mais le stock mis en vente part vite et je communique massivement sur le succès, la vitesse à laquelle les billets se sont écoulés, pour donner l’impression que ne pas avoir de billet, c’est être à côté de la plaque.
3. J’ajoute une 2e date, alors que la 1ere n’est pas complète, mais que j’ai fait croire qu’elle l’était.
4. Comme j’ai eu les yeux plus gros que le ventre, au prix des billets de nos jours, je me rends compte que j’ai vendu sur 2 dates un nombre de billets qui correspond peut-être à 1,5 fois la capacité de l’endroit, et encore, en faisant jusqu'à -50% sur les billets restants 3 semaines avant le concert (voir article "Billets de concert, début de crise?" posté le 17/09)

Parfois, lorsqu’il n’y a qu’une seule date de programmée, on utilise une autre technique, cumulable à cette énoncée précédemment : la rétention des meilleures places.
Cela revient à faire acheter en premier des places moins bien situées pour être certain de les vendre.
J’ai observé cette façon de faire en direct sur le net lors de la mise en vente des billets pour The Police, toujours au Stade de France, une catégorie de billets avait été mise en vente partiellement à l’ouverture, affichant très vite complet, avant de réapparaitre quelques heures plus tard.
Les fans qui n’y avaient pas eu accès initialement s’étaient entre temps rabattus sur de moins bonnes places qui se seraient peut-être moins vite vendues dans le cas où l’autre catégorie avait été vendue « normalement ».

Lors de la venue d’Aerosmith à Bercy l’an dernier, les promoteurs semblent avoir douté de la capacité du groupe à remplir la salle. Ils ont donc mis en vente le jour J des billets de 1ere catégorie dans les blocs se situant presque au milieu de la salle, de façon à pouvoir avancer la scène et donner une impression de salle comble. Manque de chance pour les fans qui se sont précipités, le succès était présent. Résultat : les acheteurs de billets en catégorie 1 de la première heure se sont retrouvés à 40 mètres de la scène, la demande ayant permis de placer la scène à son emplacement habituel et donc de proposer davantage de billets en catégorie 1.
Au prix où sont les places, nous pourrions être en droit de s’attendre non seulement à une prestation de qualité, mais aussi à des techniques de commercialisations honnêtes et transparentes.

Si j’imagine que les artistes n’ont souvent aucune idée de la façon dont leurs billets sont commercialisés, nombreux sont ceux qui espèrent compenser la baisse des ventes de disques par le prix des billets. Je crains qu’ils n’atteignent très rapidement les limites de l’exercice.

Les "vrais" fans paieront toujours, mais les curieux, moins motivés et échaudés par les prix se font rares. On n’achète plus une place de concert comme on achète un CD, une place pour un artiste reconnu valant aujourd’hui le prix de 5 CD au bas mot.

Je serais d’ailleurs curieux de savoir quel pourcentage des spectateurs du concert de Madonna dimanche soir avait déjà assisté à celui de samedi. Si ça se trouve, il y a eu en autant de personnes physiques différentes sur les 2 dates cumulées qu’il y en aurait eu dans un seul concert à guichet fermé…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Franchement, ils nous prennent pour des pigeons.
Ceux qui achètent les CDs se font doublement plumer à cause de ceux qui telechargent illégalement

Michel