Aerosmith n'aurait vendu que la moitié des 17000 places disponibles pour le concert du 27 aout prochain à Syracuse, NY.
Rien de dramatique pour le groupe, qui est assuré de toucher 1 million de dollars mais le promoteur de son côté aura du mal à atteindre l'équilibre financier, sachant que le chiffre d'affaire réalisé opar la vente de la moitié des billets ne lui aurait rapporté "que" 800.000 $. La location de la salle et les frais autres que le seul cachet des artistes lui feront très probablement perdre de l'argent.
Ce sont les Rolling Stones qui, avec Michael Cohl, ont révolutionné l'industrie du spectacle dès 1989. Ils étaient certains de toucher un cachet prédéfini, quel que soit le taux de remplissage de la tournée et faisient porter tous les risques aux promoteurs locaux qui rachetent les concerts "à la pièce". Pour chaque marché, les concerts sont ainsi cédés au plus offrant.
En 2003 déjà, le promoteur des 2 concerts donnés par les Rolling Stones à Singapour avait déclaré ne gagner de l'argent qu'au delà de 95% de billets vendus.
Jusqu'à récemment, ce système fonctionnait plutôt bien malgré des prix de billets de plus en plus prohibitifs. Depuis 2008, les limites du système commencent à se faire voir en Europe comme aux USA. Madonna, Lady Gaga, Prince, Aerosmith et Yannick Noah ces jours-ci, de nombreux artistes peinent parfois à remplir les salles/stades et des offres à tarif réduits sont souvent mises en place afin de limiter la casse.
Si vous n'êtes pas un ultra-fan d'un groupe et que vous n'êtes pas trop regardant sur votre placement dans la salle, vous avez désormais tout intérêt à ne pas vous jeter sur les places le jour de leur mise en vente.
Alors que les maisons de disques souffrent de la baisse des ventes de musique (partiellement comblée par les ventes de sonneries téléphoniques) les artistes ont trouvé ainsi le moyen de combler ces pertes par l'augmentation du prix des billets. Le cercle vicieux est ainsi lancé :
1. Les gens ont des dépenses nouvelles qui n'existaient pas il y a 10/15 ans : abonnements internet/portable, matériel informatique/telephonique.
2. Grâce à ces nouveaux outils, le public trouve de la musique gratuitement et illégalement.
3. Le prix des billets de concerts augmente pour combler le manque à gagner du téléchargement illégal.
4. Les gens achètent donc encore moins de musique et aussi moins de billets de concert.
Si l'on peut penser que les dispositifs Hadopi et équivalents en cours de mise en place dans le monde pourront quelque peu enrayer le téléchargement illégal, il reste à craindre que cela ne suffira pas à faire remonter massivement les ventes de musique.
Par ailleurs leur impact sera certinement très négatif sur la fréquentation des concerts, dont les prix commencent (enfin) à stagner quelque peu. Jusqu'à preuve du contraire, l'argent ne se dépense qu'une fois...