jeudi 26 août 2010

Concerts : encore la crise

Aerosmith n'aurait vendu que la moitié des 17000 places disponibles pour le concert du 27 aout prochain à Syracuse, NY.
Rien de dramatique pour le groupe, qui est assuré de toucher 1 million de dollars mais le promoteur de son côté aura du mal à atteindre l'équilibre financier, sachant que le chiffre d'affaire réalisé opar la vente de la moitié des billets ne lui aurait rapporté "que" 800.000 $. La location de la salle et les frais autres que le seul cachet des artistes lui feront très probablement perdre de l'argent.

Ce sont les Rolling Stones qui, avec Michael Cohl, ont révolutionné l'industrie du spectacle dès 1989. Ils étaient certains de toucher un cachet prédéfini, quel que soit le taux de remplissage de la tournée et faisient porter tous les risques aux promoteurs locaux qui rachetent les concerts "à la pièce". Pour chaque marché, les concerts sont ainsi cédés au plus offrant.
En 2003 déjà, le promoteur des 2 concerts donnés par les Rolling Stones à Singapour avait déclaré ne gagner de l'argent qu'au delà de 95% de billets vendus.

Jusqu'à récemment, ce système fonctionnait plutôt bien malgré des prix de billets de plus en plus prohibitifs. Depuis 2008, les limites du système commencent à se faire voir en Europe comme aux USA. Madonna, Lady Gaga, Prince, Aerosmith et Yannick Noah ces jours-ci, de nombreux artistes peinent parfois à remplir les salles/stades et des offres à tarif réduits sont souvent mises en place afin de limiter la casse.
Si vous n'êtes pas un ultra-fan d'un groupe et que vous n'êtes pas trop regardant sur votre placement dans la salle, vous avez désormais tout intérêt à ne pas vous jeter sur les places le jour de leur mise en vente.

Alors que les maisons de disques souffrent de la baisse des ventes de musique (partiellement comblée par les ventes de sonneries téléphoniques) les artistes ont trouvé ainsi le moyen de combler ces pertes par l'augmentation du prix des billets. Le cercle vicieux est ainsi lancé :
1. Les gens ont des dépenses nouvelles qui n'existaient pas il y a 10/15 ans : abonnements internet/portable, matériel informatique/telephonique.
2. Grâce à ces nouveaux outils, le public trouve de la musique gratuitement et illégalement.
3. Le prix des billets de concerts augmente pour combler le manque à gagner du téléchargement illégal.
4. Les gens achètent donc encore moins de musique et aussi moins de billets de concert.

Si l'on peut penser que les dispositifs Hadopi et équivalents en cours de mise en place dans le monde pourront quelque peu enrayer le téléchargement illégal, il reste à craindre que cela ne suffira pas à faire remonter massivement les ventes de musique.
Par ailleurs leur impact sera certinement très négatif sur la fréquentation des concerts, dont les prix commencent (enfin) à stagner quelque peu. Jusqu'à preuve du contraire, l'argent ne se dépense qu'une fois...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Sur les 10 dernieres années je suis passé de 2 concerts payants par mois à 2 par an.

Aller voir des gens qu'on connait mal au prix actuels no way.
Aller voir la grosse artillerie oui, mais avec + de parcimonie qu'avant

Anonyme a dit…

"2. Grâce à ces nouveaux outils, le public trouve de la musique gratuitement et illégalement."
Je pense que le gros problèmes est là.
Après, on peut déblatérer sur les Tares-Académy et les Flop-Stars, la qualité des disques, les majors qui ont pas su se renouveler et découvrir de nouveaux modèles économiques (voire conserver leur magot à court terme à tout pris), mais le vrai problème, je crois, il est là : les gens n'achètent plus de musique.

florent a dit…

et bien pour ma part les concerts sont un des loisirs où le prix influe très peu dans mon choix. Il y a quelques jours j'ai mis 80 euros pour le concert de Charlie Watts et son orchestre au Duc des Lombards. J'ai trouvé le prix élevé... mais j'ai quand même acheté !

De plus, après 10 de téléchargements illégaux, depuis deux ans environ j'achète de nouveaux les albums que j'aime (le dernier : Imagine Project de Herbie Hancock). La plupart du temps en vinyle mais aussi en cd quand pas de vinyle. Après 10 ans de peer to peer je me suis apperçu que la qualité de la musique téléchargée était mauvaise (compression). De plus j'ai perdu pas mal de choses à force de ne pas toujours sauvegarder ou sauvegarder mais sur des supports moins pérennes que les cd pré enregistrés. Ceci dit j'avoue que je peux me le permettre financièrement et je dispose d'une installation hifi. Je comprends que ceux pour qui les fins (voir les débuts) de mois sont difficiles téléchargent illégalement ainsi que ceux qui n'ont pas expérimenté l'écoute de musique avec des enceintes de qualité.

Hadopi ? je suis très septique surtout pour les enfants et les 15-25 qui n'ont jamais acheté de musique.